Ce blog est né avec l’intention d’être un espace dans lequel les entités sociales et les professionnels de l’insertion professionnelle puissent partager leurs expériences, accéder à des ressources utiles pour l’exercice de leur activités et établir un dialogue qui permet la conception conjointe de solutions visant à réduire l’injustice sociale par l’accès à un emploi digne par les personnes en situation d’exclusion sociale. Il est dynamisé par le réseau d’entités sociales du Programme Incorporer de « la Caixa » (www.incorpora.org).


Si vous désirez participer par la publication de votre expérience ou exposer une problématique, vous pouvez nous contacter par mail à l’adresse électronique suivante : incorporer@gmail.com .

jeudi 21 juin 2012

Formation en outils de travail pour les associations du Réseau de Incorporer



Dans le cadre du renforcement des capacités des associations membres du réseau  Incorporer, quatre jours de formation ont été organisés aux mois de mai et juin  en partenariat avec l’association de la lutte contre le Sida (ALCS). Au cours de ces ateliers, les techniciens d’insertion professionnelle et les assistantes sociales des associations ont été formés sur différentes techniques de travail qui leur permettront de mieux accompagner leurs usagers vers l’emploi.

Mme Samira Abderahim, Responsable Formation ALCS et M. Mohamed Assafi, Responsable Administratif et Financier ALCS, ont animé les ateliers  Focus Groupe et Education par les pairs, dans l’objectif d’apporter aux techniciens de nouvelles méthodes afin d’améliorer la mobilisation et le suivi des usagers de leurs associations et de mieux comprendre leurs besoins. Aux ateliers Communication et Estime de soi l’accent a été mis sur les méthodes et les outils pouvant renforcer l’estime de soi et les capacités de communication chez les personnes en risque d’exclusion sociale, car il s’agit de deux capacités indispensables pour la réussite de l’insertion socio professionnelle. 

Ces quatre jours de formation ont été reproduits à Tanger par les Coordinateurs de Réseau Incorporer.

La coordination du Programme Incorporer désire remercier l’ALCS pour cette contribution désintéressée qui a véritablement enrichi notre programme de renforcement et qui contribuera sans nul doute à l’amélioration des processus d’insertion professionnelle des associations.

lundi 18 juin 2012

Enjeux majeurs du processus de réinsertion. Le processus de réinsertion des ex détenus démarre en prison. (Auteur: Association Relais)

L’institution qui a en charge l’exécution des peines au Maroc porte le nom de la « « Direction de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion ». Il est important de  souligner, en premier lieu,  l’amalgame que suscite cette appellation, puisque cette « Direction » se  charge en réalité de la préparation à la réinsertion, et non de la réinsertion elle-même ; en effet, sa mission s’arrête aux portes des prisons et la véritable tâche de la réinsertion requière des structures d’accueil de détenus sortants et de leur accompagnement dans le projet de réconciliation avec leur environnement social. Ceci dit,  il reste néanmoins vrai que la réinsertion perçue comme une politique de resocialisation fait son premier pas en prison par la modernisation et l’humanisation du système carcéral, passe par le renforcement de la prévention en milieu carcéral, le déploiement d’actions et de dispositifs de préparation à la sortie, et se relaye par un travail post carcéral basé sur la facilitation de l’insertion dans la vie sociale et la mise en place de structures/relais orientés vers l’insertion.

En principe, dans cette phase préliminaire (en amont du processus de la réinsertion), l’Administration pénitentiaire devrait  mettre davantage l'emphase sur les considérations de traitement plutôt que sur la sécurité et le contrôle social ; malheureusement, la traditionnelle fonction sécuritaire de la prison, qui fait appel à sa plus grande étanchéité, reste toujours de mise.

La conséquence majeure de cet amalgame entretenu et de ce double langage, est que la grande majorité des surveillants/éducateurs subissent le poids de l’écart entre les attentes affichées dans les rôles prescrits, d’un coté, et les tâches requises par les rôles tenus réellement. La présence simultanée d’ambiguïté et de conflit de rôles reflète un problème d’orientation de l’organisation quant à ses objectifs fondamentaux. Ils doivent participer à l’éducation des détenus, mais ils sont souvent confinés aux tâches de sécurité dans lesquelles ils doivent être distants avec ces mêmes détenus. Ils manquent de moyens et de temps pour effectuer leur nouvelle mission de réinsertion.

Ces difficultés et ces contradictions créent de l'ambivalence chez eux. Les gardiens se sentent isolés et stigmatisés par leur rôle fonctionnel au sein du système carcéral et ce sentiment d’exclusion atteint leur image et leur estime de soi. Ce sentiment de rejet affecte aussi leurs relations professionnelles et sociales. L’une des conséquences directes du conflit et de l'ambiguïté de rôles est qu’elle accentue l'orientation disciplinaire des gardiens et même leur tendance à la punition.

C’est vrai que la violence en prison est d’abord la violence de la prison : la privation de liberté, les interdits et les rapports de force qui opposent les détenus entre eux d’un côté et les détenus et gardiens de l’autre… Toutefois il faut aussi relever l’impact négatif de l’ambiguïté des rôles.

La prison a beau être un espace fermé, elle reste, néanmoins, un espace de rapports qui recèlent un système d’échanges et de réciprocité et les exigences du maintien de l’ordre supposent un minimum de pouvoir discrétionnaire qui intègre la coopération des détenus. L’objectif du traitement devrait intégrer un contrôle non punitif des détenus, une discipline détendue et des compétences techniques du personnel.

La conception issue d’un double souci de surveillance et d’éducation suppose un dosage subtil entre la prescription des règles formelles et impersonnelles valables pour tous et en toutes circonstances d’un côté, et la pratique qui se rapporte au caractère dynamique de la relation entre les surveillants et les détenus et à la nécessité de souplesse, d’adaptation et de coopération, de l’autre. Cette conception permettra d’asseoir le maintien de l’ordre et le traitement sur de nouvelles bases qui favorisera, chez les surveillants éducateurs la réhabilitation dans l’exercice de leurs fonctions et chez les détenus plus de chance de bénéficier d’un traitement adéquat, tout en créant les conditions favorables pour l’absorption des conflits par l’apaisement du climat en prison.

Afin d’aider à redéfinir la mission des surveillants éducateurs selon leurs nouvelles fonctions et leurs activités quotidiennes, la formation du métier de surveillant doit intégrer les relations avec les détenus et leur environnement.

En attendant qu’il y ait une véritable prise de conscience de l’importance cruciale de  cette réforme, les associations de la société civile qui  s’investissent dans les champs du poste carcéral, et qui continuent à  mener des actions visant à soutenir les missions de l’Administration pénitentiaire, entendues dans le sens de la préparation à la réinsertion des détenus, ne demandent qu’à prendre le bon relais pour la phase de l’accompagnement.

Association Relais

jeudi 14 juin 2012

La réinsertion professionnelle chez les anciens consommateurs de drogue : Etude de cas Hasnouna. (Auteur ASSCMP Hasnouna)

La notion d'insertion renvoie en premier lieu au champ de l'action politique et sociale. Elle est apparue dans les années 70 dans le champ de la littérature sociologique.
L'insertion s'attache avant tout à définir le processus qui va conduire un individu à trouver sa place au sein de l'institution sociale, au sein d'une sphère sociale particulière. L'insertion sociale est davantage axée sur l'ensemble des démarches mises en œuvre par et pour l'individu dans le but de s'insérer. Ainsi, l'insertion peut se décomposer en plusieurs modalités selon le domaine sur lequel elle se porte. On parle, à ce titre, d'insertion professionnelle (dans le but de trouver un emploi et d'accéder ainsi au marché de l'emploi).

Au Maroc, l’ANAPEC est l’organisme public chargé de l’insertion professionnelle : il a développé plusieurs programmes tels qu’IDMAJ, MOUKAWALTI et TAEHIL. Parmi les populations marginalisées, les consommateurs de drogues ne figurent malheureusement pas parmi les catégories cibles des programmes gouvernementaux de l’insertion professionnelle.

La  problématique  de  l'Insertion  par  l’Activité  Economique des consommateurs de drogues  est  complexe  :  il  s'agit  de réintégrer, dans le fonctionnement social régulier, des personnes qui en ont été exclues (ou qui sont sur le point d’en être exclues). Mais  les  situations  de  chaque  individu  sont  d'une  diversité  infinie  et  leurs  particularités résident très fréquemment dans l'effet cumulatif des handicaps rencontrés. De  plus,  il  est  difficile  de  hiérarchiser  les  problèmes  et  généralement  ils  doivent  être envisagés et résolus simultanément.

Sur  la  totalité des personnes questionnées, aucune n’occupe un emploi. Rappelons que le taux de chômage de la  population générale  est d’environ 8,2%. Ainsi, il apparaît clairement que les personnes ayant eu une consommation problématique de drogues rencontrent des difficultés majeures pour accéder au marché du travail et trouver un emploi.  Ces difficultés reposent à la fois sur des causes similaires à d’autres populations en difficulté sur la question de l’emploi et sur des causes spécifiques aux parcours des consommateurs de drogues.

En l’absence d’une politique publique d’insertion professionnelle des consommateurs de drogues, l’Association de Soutien au Centre Médico-psychologique Hasnouna Tanger (ASSCMP Hasnouna) s’est trouvée dans l’obligation de trouver une alternative à ce problème qui menace la réalisation de ses objectifs. C’est ainsi que l’ASSCMP Hasnouna a intégré le Programme  d’insertion professionnelle INCORPORER de la Fondation « la Caixa » au profit des  consommateurs de drogues.

Après l’introduction des traitements de substitution, l’association a décidé d’implanter une cellule de réhabilitation et de réinsertion sociale. Cet axe, l’association le considère comme un axe prioritaire à développer et qui serait indissociable  des processus de soins entrepris au CMP. L’accompagnement à la réinsertion sociale par l’activité économique devrait consolider considérablement les traitements de sevrage et de substitution,  vu que l’insertion par l’emploi offre dans le cadre institutionnel actuel, une meilleure opportunité de participation sociale.  Pour cela, l’association va gérer un guichet de travail qui favorisera l’intermédiation professionnelle et le renforcement des capacités des usagers en vue de l’insertion dans le marché du travail. C’est dans ce cadre qu’opère le Programme Incorporer, qui promeut l’égalité des chances à l’accès à l’emploi aux personnes en situation d’exclusion sociale, à travers l’intermédiation professionnelle et la collaboration entre le tissu associatif et entrepreneurial afin de garantir une meilleure intégration des personnes en exclusion sociale dans l’activité économique.

Les résultats de la première année et la  première expérience de 2011 ont été très satisfaisants, dans la mesure où 21 personnes sur 70 inscrites au service d’insertion professionnelle ont pu accéder au marché d’emploi.

Les difficultés rencontrées concernent principalement le manque des ressources financières suffisantes pour assurer la formation et la qualification des bénéficiaires.

Due à une hausse du taux des bénéficiaires qui sont sous traitement de METHADONE, l’ASCMPH 2012  envisage  de nouvelles stratégies pour l’accès des consommateurs de drogues au marché d’emploi,  toujours dans le cadre du programme INCORPORER à partir  la formation professionnelle mais aussi à travers de l’auto emploi des  consommateurs de drogues et de l’insertion au sein des entreprises.