Ce blog est né avec l’intention d’être un espace dans lequel les entités sociales et les professionnels de l’insertion professionnelle puissent partager leurs expériences, accéder à des ressources utiles pour l’exercice de leur activités et établir un dialogue qui permet la conception conjointe de solutions visant à réduire l’injustice sociale par l’accès à un emploi digne par les personnes en situation d’exclusion sociale. Il est dynamisé par le réseau d’entités sociales du Programme Incorporer de « la Caixa » (www.incorpora.org).


Si vous désirez participer par la publication de votre expérience ou exposer une problématique, vous pouvez nous contacter par mail à l’adresse électronique suivante : incorporer@gmail.com .

mardi 16 octobre 2012

Politique jeunesse du Maroc



Voilà le lien à une intéressante étude sur la politique jeunesse du Maroc effectué par le programme Euromed Jeunesse ( www.euromedyouth.net ).
Je vous laisse un extrait de la conclusion, mais la lecture complète vaut la peine :
« Il y a un écart entre la volonté de l’Etat marocain de mettre en place une politique globale en faveur des jeunes et la réalité, telle que la voient les acteurs et les jeunes. Des actions ciblant certains secteurs ont été mises en place au Maroc à défaut d’une politique nationale globale. »
… « L’absence de message clair contribue aux dissensions entre décideurs et jeunes. L’effort de dialogue entrepris par l’Etat auprès des jeunes ne s’est pas encore traduit par une réflexion transversale sur la place des jeunes dans la société. » …
… « L’INDH, ou Initiative Nationale pour le Développement Humain, en est encore à ses débuts..... Il reste à voir si les jeunes parviendront à s’approprier ce projet et à devenir ses véritables acteurs. » …
… « L’Etat marocain a dû se mobiliser sur tous les fronts pour satisfaire les besoins d’une population jeune exceptionnellement abondante. L’éducation reste une priorité urgente compte tenu du haut taux d’analphabétisme. Les autres priorités sont les infrastructures de santé et les logements. Une politique jeunesse représente pratiquement un luxe dans un tel contexte. C’est la raison pour laquelle l’enveloppe qui lui est consacrée représente à peine 1% du budget national total. »

lundi 15 octobre 2012

Exclusion Sociale et Toxicomanie Quelle approche et Quelle démarche pour la Reconstruction du projet de vie ? (Auteur: ASSCMPH)


L’exclusion sociale

L’exclusion sociale peut se définir comme une rupture du lien social. C’est un phénomène social qui relève des difficultés d’intégration des individus à la société, et qui se caractérise par la perte de la place sociale, l'absence d'un rôle social, et la défaillance des liens sociaux. 
L’exclusion sociale peut ainsi être définie comme la conjonction d’un manque de ressources économiques, d’un isolement social et d’un accès limité aux droits sociaux et civiques. Il s’agit d’un concept relatif au sein de toute société déterminée qui représente une accumulation progressive de facteurs sociaux et économiques au cours du temps. Les facteurs qui peuvent contribuer à l’exclusion sociale sont des difficultés liées au niveau d’emploi, d’éducation et de vie, à la santé, à la nationalité, à l’abus de drogue, aux différences entre les sexes et à la violence.
L’usage de drogue peut être considéré soit comme une conséquence, soit comme une cause d’exclusion sociale. La consommation de drogue peut entraîner une détérioration des conditions de vie, mais d’un autre côté, les processus de marginalisation sociale peuvent constituer une raison pour commencer à se droguer. Néanmoins, la relation entre la toxicomanie et l’exclusion sociale n’est pas une relation causale, car l’exclusion sociale «ne s’applique pas à tous les consommateurs de drogue»

La toxicomanie est l'utilisation de substances qualifiées de psychotropes (action sur le psychisme au sens large) susceptibles d’entraîner un phénomène de tolérance (tolérer ce que l’organisme devrait rejeter) et d’accoutumance. L’accoutumance est un phénomène qui s’installe progressivement dans l’organisme, et se traduit par la nécessité d’augmenter les doses de la drogue que le toxicomane consomme, pour en obtenir l’effet habituel. Ces troubles surviennent rapidement et se traduisent par l’utilisation abusive de certaines substances comme : le cannabis, les amphétamines, les hallucinogènes, la cocaïne, les solvants, l’alcool…

Relation entre l’exclusion sociale et l’usage de drogues :
On dispose de davantage de données sur la situation sociale de la population sous traitement. Les facteurs socio-économiques liés à l’usage de drogue sont les suivants: un faible niveau d’étude, une sortie précoce du système scolaire et un abandon précoce de la scolarité, le chômage, un faible rémunération et un travail difficile; de faible revenus et l’endettement, la précarité du logement et la situation de sans-abri, la mortalité et les maladies liées à la drogue, un accès réduit aux soins, et la stigmatisation sociale.

On note des différences importantes dans la situation sociale des consommateurs de drogue en fonction de la substance et des modèles de consommation de drogues, les situations sociales les plus difficiles sont relevées chez les héroïnomanes et les usagers d’opiacés ainsi que les toxicomanes chroniques.

Approche de l’association de soutien au centre médicopsychologique Hasnouna (ASSCMPH)
Vue comme initiative et un repositionnement réfléchis, l’association de soutien au centre médicopsychologique Hasnouna (ASSCMPH) s’est investit depuis sa création dans la lutte contre l’usage de drogue dans la ville de Tanger. L’association articule son action d’appui à la communauté des usagers de drogues en différenciant deux cibles:
- Les usagers qui viennent à l’association pour soutenir son projet d’abstinence. En plus  du travail de sensibilisation et de prévention pour préserver l’intégrité et la santé du patient, l’enjeu est de faire ressortir la motivation pour le changement de comportement de consommation. Dans un deuxième temps, il est question de procéder à une communication engageante, permettant à l’usager de pouvoir constituer une volonté solide d’arrêt de consommation sur la base des nouvelles connaissances et croyances relatives à l’usage de drogue. Ce travaille est renforcé par une prise en  charge des besoins élémentaires dans l’unité fixe de l’association
- Les usagers sous traitement méthadone, où l’enjeu  est de pouvoir reconstituer  le projet de vie individuel. A ce niveau l’approche de l’association se base sur la combinaison de trois niveaux d’action :
Une action préventive et de sorte pour assurer  une meilleure observance au traitement.
- Une action de soutien psychosocial qui elle-même se constitue de trois actions qui se complètent :
§  La thérapie psychologique pour soutenir cette transition si difficile et appuyer le changement de perception et de représentation sur soi. 
§  Médiation pour mobiliser l’environnement familial  et des proches dans le projet de vie individuel.
§  Education et soutien au développement personnel par une dynamique d’entraide  communautaire.
-  Une action d’inclusion socioéconomique par :
§  Une aide à la recherche d’emploi.
§  Formation  professionnelle  et renforcement d’employabilité.
§  Initiative de mise en place d’activité génératrice de revenus (AGR).

lundi 1 octobre 2012

Entretien avec Mehdi FZANI, usager de l’Amicale Marocaine des Handicapés

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Pourriez vous vous présentez?

Je m’appelle Mehdi Fzani, j’ai 27 ans, je suis titulaire d’un diplôme de technicien en informatique et j’ai un diplôme de développeur. Je travaille actuellement dans une entreprise (GEMADEC) d’informatique, je m’occupe de la maintenance des PC de l’entreprise, je suis aussi responsable du serveur PACA PC, logiciel qui permet de sauvegarder tous les PC de l’entreprise, ainsi que du serveur de messagerie.

Comment vous avez connu l’AMH ?

C’est mon père qui m’a fait connaitre l’AMH. Ses amis lui ont conseillé de m’emmener voir le responsable de l’insertion professionnelle de l’association. Le travail que fait l’Amicale Marocaine des Handicapés pour accompagner les usagers est connu. J’ai donc pris la décision de me rendre au siège de l association.

Quel type d’accompagnement vous a offert l’équipe d’insertion professionnelle de l’AMH ?

Ma première rencontre avec M. Rabii responsable de l’insertion professionnelle de l’association s’est bien passée. L’entretien que j’ai eu avec lui m’a laissé une bonne appréciation. Le sens de l’écoute et le dévouement pour le travail de l’équipe et du responsable de l’insertion professionnelle m’ont donné confiance en moi. J’ai par la suite suivi des formations en Techniques de Recherche d’Emploi pour améliorer mes capacités et éviter le trac que je ressens durant les entretiens. Un jour où j’étais entrain de chercher du travail, M. Rabii m’a appelé pour me dire qu’il m avait trouvé un entretien d’embauche dans une entreprise d’informatique. Je suis parti à l’association, nous avons travaillé une séance de formation individuelle et je me suis rendu à l’entretien. Deux semaines après, j’ai eu la confirmation que
j’étais embauché. D’une manière générale je suis très satisfait du travail mené
par le service d’insertion professionnelle.

Est-ce que votre handicap a ajouté une difficulté pour votre insertion professionnelle de façon générale et au sein de l’entreprise en particulier ?

Pour moi, mon handicap n’a jamais été un frein ou un obstacle pour mon insertion professionnelle. Certes, je ne peux pas travailler comme transporteur. Mon travail, je le fais dans un bureau, on fait beaucoup plus appel a l’intellect
qu’au physique.
Est ce que vous avez rencontré des difficultés d’adaptation à l’Entreprise (physiques, comportementales et d’accessibilité…) ?

Non pas du tout. Au début, j’avais du trac parce que je commençais un nouveau travail, mais à part ça, j’ai pu m’intégrer rapidement.

Suite à votre expérience, quel message voulez-vous transmettre aux personnes en situation de handicap ?

Ce que je peux conseiller aux handicapés physiques, qui manquent en général d’accompagnement, d’aller visiter l’Amicale Marocaine des Handicapés, parce qu’elle offre un bon accompagnement. Par ailleurs, je leur conseille de choisir
des formations qui ont besoin plus d’intellect que de force physique.

Article rédigé par le Casal dels Infants et publié dans le bulletin Jissr Alwasl en aôut 2012.
Jissr Alwasl: Bulletin associatif Tangérois d’information, d’échange et de dialogue.
Lien permanent: www.jissralwasl.ma

Expérience marocaine en intégration professionnelle en milieu ordinaire et adapté (Auteur: Association Anaïs)



Anaïs, l’association Nationale  pour  l’intégration de personne en situation de handicap mental a été crée en 1991, à but non lucratif, reconnue d’utilité publique. Elle accueille, forme et défend les intérêts des enfants, adolescents et adultes porteurs d’handicap mental en mettant à leur disposition un cursus de prise en charge adéquat pour aboutir à une intégration socio professionnelle.

Considérant que toute notre vie sociale  est basée sur le travail :

- Le travail permet de rompre avec un état d’assistance et de dépendance et conduit à l’exercice de l’autonomie.
- Le travail permet d’avoir un revenu pour pénétrer dans le cercle des échanges fondamentaux: Production /Consommation.
-  Le travail engendre la rencontre avec les autres et ce n’est qu’au  milieu des autres qu’on peut exercer notre citoyenneté.

Anaïs a toujours eu la conviction inébranlable que les PHM, ont droit au travail au même titre que tout autre citoyen , il faut juste déterminer quel type d’emploi ou quel milieu de travail leur convient le mieux en prenant en considération leurs gouts, leurs capacités, leurs personnalité et  leurs limitations comme toute autre personne dite « normale ».

Ceci dit, la mise en place de deux types d’intégration s’est ’avèrée indispensable :

L’intégration en milieu adapté, les CAT (Centre d’aide par le travail), structure d’accueil appropriée aux besoins des personnes adultes handicapées pour effectuer des activités productives tout en bénéficiant d’activités extraprofessionnelles (suivi médical et paramédical, sport et loisir, éducation général) appelées activités de soutien.

Actuellement, ce mode d’intégration est situé au niveau du centre Espace Anaïs, une structure dédiée à toute activité professionnelle de l’initiation à l’insertion le tout dans un cadre protégé.

Cette structure accueille 35 travailleurs et 16 stagiaires( plus 50 bénéficiaires en formation), affectés à 4 ateliers : Restauration, Jardinage, pâtisserie, blanchisserie  avec un taux de production  estimé à 75%.


 
Par ailleurs, l'évaluation qualitative a montré une amélioration de la qualité de vie professionnelle des travailleurs à plusieurs niveaux :
 
- Autonomie dans la gestion de la vie professionnelle
- Acquisition des comportements adaptés nécessaires à une vie socio professionnelle satisfaisante : relation avec les autres, communication, esprit d’équipe 
-  Respect des codes sociaux
-  Respect des horaires de travail 
-  Respect des règles et des consignes 
-  Respect de la tenue et du plan de travail
-  Application des savoirs et acquis antérieurs
 
Le deuxième mode d’intégration qui s’effectue en milieu ordinaire /les entreprises, reste problématique étant donné que l’accès et le maintien à l’emploi dans ce milieu reste un acte délicat du fait que le handicap qu’il soit physique et très certainement lorsqu’il est mental engendre une série de clichées qui constituent des freins réels à l’emploi.

Cependant, malgré le nombre limité des intégrations professionnelles en milieu ordinaire, il faut noter que notre expérience reste très positive et même extraordinaire, étant donné que Anaïs est la première association au Maroc qui  a relevé le défi de l’intégration professionnelles des PHM aussi bien en milieu ordinaire qu’en milieu protégé.

Ceci dit, nos expériences d’intégration professionnelle ont montré que toutes les représentations négatives liées à  l’emploi de la population porteuse de handicap mental ne sont que des mythes qu’il faudrait dépasser par un travail d’accompagnement, de formation et de sensibilisation.



 



Pour conclure, voila le témoignage d’une jeune fille, intégrée dans une société  de restauration collective, après sa première semaine de travail :

Je suis fière de moi, fière de ce que je prépare et de ce que je présente aux autres, je fais quelque chose d’important dans ma vie qui va me servir plus tard.