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L’institution qui a en charge
l’exécution des peines au Maroc porte le nom de la « « Direction de
l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion ». Il est important
de souligner, en premier
lieu, l’amalgame que suscite cette
appellation, puisque cette « Direction » se charge en réalité de la préparation à la réinsertion, et non
de la réinsertion elle-même ; en effet, sa mission s’arrête aux portes des
prisons et la véritable tâche de la réinsertion requière des structures
d’accueil de détenus sortants et de leur accompagnement dans le projet de
réconciliation avec leur environnement social. Ceci dit, il reste néanmoins vrai que la réinsertion perçue comme une politique de
resocialisation fait son premier pas en prison par la modernisation et
l’humanisation du système carcéral, passe par le renforcement de la prévention
en milieu carcéral, le déploiement d’actions et de dispositifs de préparation à
la sortie, et se relaye par un travail post carcéral basé sur la facilitation
de l’insertion dans la vie sociale et la mise en place de structures/relais
orientés vers l’insertion.
En principe, dans cette
phase préliminaire (en amont du processus de la réinsertion), l’Administration pénitentiaire
devrait mettre davantage l'emphase
sur les considérations de traitement plutôt que sur la sécurité et le contrôle
social ; malheureusement, la traditionnelle fonction sécuritaire de la
prison, qui fait appel à sa plus grande étanchéité, reste toujours de mise.
La conséquence majeure de
cet amalgame entretenu et de ce double langage, est que la grande majorité des
surveillants/éducateurs subissent le poids de l’écart entre les attentes
affichées dans les rôles prescrits, d’un coté, et les tâches requises par les
rôles tenus réellement. La présence simultanée
d’ambiguïté et de conflit de rôles reflète un problème d’orientation de
l’organisation quant à ses objectifs fondamentaux. Ils doivent
participer à l’éducation des détenus, mais ils sont souvent confinés aux tâches
de sécurité dans lesquelles ils doivent être distants avec ces mêmes détenus.
Ils manquent de moyens et de temps pour effectuer leur nouvelle mission de
réinsertion.
Ces difficultés et ces contradictions
créent de l'ambivalence chez eux. Les gardiens se sentent isolés et stigmatisés
par leur rôle fonctionnel au sein du système carcéral et ce sentiment
d’exclusion atteint leur image et leur estime de soi. Ce sentiment de rejet
affecte aussi leurs relations professionnelles et sociales. L’une des
conséquences directes du conflit et de l'ambiguïté de rôles est qu’elle
accentue l'orientation disciplinaire des gardiens et même leur tendance à la punition.
C’est vrai que la violence en prison est d’abord la violence de la
prison : la privation de liberté, les interdits et les rapports de force
qui opposent les détenus entre eux d’un côté et les détenus et gardiens de
l’autre… Toutefois il faut aussi relever l’impact négatif de l’ambiguïté des
rôles.
La prison a beau être un
espace fermé, elle reste, néanmoins, un espace de rapports qui recèlent un
système d’échanges et de réciprocité et les exigences du maintien de l’ordre
supposent un minimum de pouvoir discrétionnaire qui intègre la coopération des détenus.
L’objectif du traitement devrait intégrer un contrôle non punitif des détenus,
une discipline détendue et des compétences techniques du personnel.
La conception issue d’un
double souci de surveillance et d’éducation suppose un dosage subtil entre la
prescription des règles formelles et impersonnelles valables pour tous et en
toutes circonstances d’un côté, et la pratique qui se rapporte au caractère
dynamique de la relation entre les surveillants et les détenus et à la
nécessité de souplesse, d’adaptation et de coopération, de l’autre. Cette
conception permettra d’asseoir le maintien de l’ordre et le traitement sur de
nouvelles bases qui favorisera, chez les surveillants éducateurs la
réhabilitation dans l’exercice de leurs fonctions et chez les détenus plus de
chance de bénéficier d’un traitement adéquat, tout en créant les conditions
favorables pour l’absorption des conflits par l’apaisement du climat en prison.
Afin d’aider à redéfinir
la mission des surveillants éducateurs selon leurs nouvelles fonctions et leurs
activités quotidiennes, la formation du métier de
surveillant doit intégrer les relations avec les détenus et leur environnement.
En attendant qu’il y ait une
véritable prise de conscience de l’importance cruciale de cette réforme, les associations de la
société civile qui s’investissent
dans les champs du poste carcéral, et qui continuent
à mener des actions visant à
soutenir les missions de l’Administration pénitentiaire, entendues dans le sens
de la préparation à la réinsertion des détenus, ne demandent qu’à prendre le
bon relais pour la phase de l’accompagnement.
Association
Relais