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lundi 18 juin 2012

Enjeux majeurs du processus de réinsertion. Le processus de réinsertion des ex détenus démarre en prison. (Auteur: Association Relais)

L’institution qui a en charge l’exécution des peines au Maroc porte le nom de la « « Direction de l'Administration pénitentiaire et de la réinsertion ». Il est important de  souligner, en premier lieu,  l’amalgame que suscite cette appellation, puisque cette « Direction » se  charge en réalité de la préparation à la réinsertion, et non de la réinsertion elle-même ; en effet, sa mission s’arrête aux portes des prisons et la véritable tâche de la réinsertion requière des structures d’accueil de détenus sortants et de leur accompagnement dans le projet de réconciliation avec leur environnement social. Ceci dit,  il reste néanmoins vrai que la réinsertion perçue comme une politique de resocialisation fait son premier pas en prison par la modernisation et l’humanisation du système carcéral, passe par le renforcement de la prévention en milieu carcéral, le déploiement d’actions et de dispositifs de préparation à la sortie, et se relaye par un travail post carcéral basé sur la facilitation de l’insertion dans la vie sociale et la mise en place de structures/relais orientés vers l’insertion.

En principe, dans cette phase préliminaire (en amont du processus de la réinsertion), l’Administration pénitentiaire devrait  mettre davantage l'emphase sur les considérations de traitement plutôt que sur la sécurité et le contrôle social ; malheureusement, la traditionnelle fonction sécuritaire de la prison, qui fait appel à sa plus grande étanchéité, reste toujours de mise.

La conséquence majeure de cet amalgame entretenu et de ce double langage, est que la grande majorité des surveillants/éducateurs subissent le poids de l’écart entre les attentes affichées dans les rôles prescrits, d’un coté, et les tâches requises par les rôles tenus réellement. La présence simultanée d’ambiguïté et de conflit de rôles reflète un problème d’orientation de l’organisation quant à ses objectifs fondamentaux. Ils doivent participer à l’éducation des détenus, mais ils sont souvent confinés aux tâches de sécurité dans lesquelles ils doivent être distants avec ces mêmes détenus. Ils manquent de moyens et de temps pour effectuer leur nouvelle mission de réinsertion.

Ces difficultés et ces contradictions créent de l'ambivalence chez eux. Les gardiens se sentent isolés et stigmatisés par leur rôle fonctionnel au sein du système carcéral et ce sentiment d’exclusion atteint leur image et leur estime de soi. Ce sentiment de rejet affecte aussi leurs relations professionnelles et sociales. L’une des conséquences directes du conflit et de l'ambiguïté de rôles est qu’elle accentue l'orientation disciplinaire des gardiens et même leur tendance à la punition.

C’est vrai que la violence en prison est d’abord la violence de la prison : la privation de liberté, les interdits et les rapports de force qui opposent les détenus entre eux d’un côté et les détenus et gardiens de l’autre… Toutefois il faut aussi relever l’impact négatif de l’ambiguïté des rôles.

La prison a beau être un espace fermé, elle reste, néanmoins, un espace de rapports qui recèlent un système d’échanges et de réciprocité et les exigences du maintien de l’ordre supposent un minimum de pouvoir discrétionnaire qui intègre la coopération des détenus. L’objectif du traitement devrait intégrer un contrôle non punitif des détenus, une discipline détendue et des compétences techniques du personnel.

La conception issue d’un double souci de surveillance et d’éducation suppose un dosage subtil entre la prescription des règles formelles et impersonnelles valables pour tous et en toutes circonstances d’un côté, et la pratique qui se rapporte au caractère dynamique de la relation entre les surveillants et les détenus et à la nécessité de souplesse, d’adaptation et de coopération, de l’autre. Cette conception permettra d’asseoir le maintien de l’ordre et le traitement sur de nouvelles bases qui favorisera, chez les surveillants éducateurs la réhabilitation dans l’exercice de leurs fonctions et chez les détenus plus de chance de bénéficier d’un traitement adéquat, tout en créant les conditions favorables pour l’absorption des conflits par l’apaisement du climat en prison.

Afin d’aider à redéfinir la mission des surveillants éducateurs selon leurs nouvelles fonctions et leurs activités quotidiennes, la formation du métier de surveillant doit intégrer les relations avec les détenus et leur environnement.

En attendant qu’il y ait une véritable prise de conscience de l’importance cruciale de  cette réforme, les associations de la société civile qui  s’investissent dans les champs du poste carcéral, et qui continuent à  mener des actions visant à soutenir les missions de l’Administration pénitentiaire, entendues dans le sens de la préparation à la réinsertion des détenus, ne demandent qu’à prendre le bon relais pour la phase de l’accompagnement.

Association Relais

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