Ce blog est né avec l’intention d’être un espace dans lequel les entités sociales et les professionnels de l’insertion professionnelle puissent partager leurs expériences, accéder à des ressources utiles pour l’exercice de leur activités et établir un dialogue qui permet la conception conjointe de solutions visant à réduire l’injustice sociale par l’accès à un emploi digne par les personnes en situation d’exclusion sociale. Il est dynamisé par le réseau d’entités sociales du Programme Incorporer de « la Caixa » (www.incorpora.org).


Si vous désirez participer par la publication de votre expérience ou exposer une problématique, vous pouvez nous contacter par mail à l’adresse électronique suivante : incorporer@gmail.com .

mardi 27 mai 2014

Pour une cellule d’accueil et d’orientation des ex-détenu

On dit qu’une peine de prison implique la privation de liberté, mais en réalité dans le monde de la personne elle va au-delà de la privation de liberté ; la coupure entre un avant stable, rassurant mais oppressant et un après déstructuré mais ouvert, ne semble pas valide. Etre marginal c’est être à la marge de ce qui fait une société, à savoir ses lois, ses marges, ses coutumes, ses manières d’être. Il faut noter qu‘une personne qui sort d’une prison ne jouit pas d’un statut spécifique faisant d’elle un public cible particulier ; à part le fait de les inscrire dans le cadre des personnes vulnérables, aucune solution pour subvenir à ses besoins. De ce fait, elle s’inscrit automatiquement dans la catégorie des personnes exclues. Fragilisée, voire marginalisée, demandeuse d’emploi difficile à placer, elle fait partie du public visé par l’insertion socioprofessionnelle.

C’est dans cette perspective que notre association Relais : prison-société a mis à la disposition de cette population trois ateliers de formation sur la réparation du matériel électroménager, la réparation du matériel informatique, et au métier d’agent de sécurité. L’accompagnent social et le renforcement des capacités à travers les focus groupe ou les entretiens individuels pour multiplier les chances d’intégration à travers l’emploi, ne semblent pas trop intéresser les bénéficiaires. Beaucoup des inscris aux ateliers de formation ou des focus groupe s’absentent ou délaissent la formation. La mise en place des ateliers de formation (qualifiante ou non) connait de nombreux obstacles. Les représentations des formations renvoient à l’école, à la scolarité qui est pour la plupart d’entre eux vouée à l’échec. Selon l’expérience de l’association, tant à travers ses activités au sein de la prison qu’à travers l’accueil des ex-détenus, la population détenue est gravement sous scolarisée. Il va de soi que l’enseignement n’est pas leur souhait. 

Ces derniers réclament un soutien financier ou un emploi rémunéré dès les premiers entretiens.

La gestion du temps et de l’espace, instruments pour l’institutionnalisation d’un espace d’appartenance légitime, est un souci majeur pour l’ex-détenu. Si aujourd’hui fréquenter le quartier peut être vécu comme un moyen d’entretenir le sentiment de son utilité, ainsi qu’une estime de soi remise en cause par la cessation de toute activité professionnelle et la destruction des repères habituels du temps et de l’espace, elle le place aussi devant une contradiction. En effet, son absence marque une distance vis-à-vis de ses amis du quartier, de sa famille, de son espace habituel, au point qu’avant, il ne fréquentait personne et aujourd’hui, il est à la recherche de la vie communautaire qui se passe devant lui comme un mode de vie supérieur parce que c’est communautaire. 

Cette nouvelle attitude vis-à-vis du nouveau mode de vie dans cet espace semble se révéler une caractéristique essentielle de sa vie. Tout se passe comme si les dispositions individuelles, que ce dernier a longtemps cultivé dans son égarement en marge de sa communauté, l’avaient conduit à faire sien un mode de vie caractérisé par une grande distribution des rôles, à chacun sa place dans l’espace social. La durée de son emprisonnement pour la rééducation et la correction n’est déterminée ni dans le temps ni dans l’espace ; elle se poursuit après la libération. Une deuxième chance, n’est qu’un rêve tant souhaité et par lui et par les siens, pendant sa véritable épreuve dans l’isolement. Regard méfiant de la communauté, blocage juridique qui ne lui permet pas d’avoir la réhabilitation. Fiche anthropométrique toujours salie par ce passé. Véritable handicap vers un emploi Digne et stable.

N’ayant bénéficié d’aucun soutien pour le motiver à ce projeter dans l’avenir avec un projet de vie pour sa sortie ; libéré sans aucun plan de réinsertion sociale ou professionnelle et aucun accompagnement psychologique, l’ex-détenu est livré à lui-même, à sa volonté personnelle qui se heurte à de sérieux problèmes et à de vrais obstacles liés à cette volonté personnelle trop fragilisée par un parcours de vie tellement perturbé pour que la personne devienne forte et déterminée.

Il y a d’abord, le besoin d’un budget quotidien, ne serait ce que pour le déplacement de l’ex-détenu vers les focus groupe ou vers les ateliers de formation ou pour la recherche du travail, dans le cas où il est pris en charge par la famille. Le cas échéant, il doit nourrir sa famille, ses enfants … Il est redevable envers les siens de l’avoir pris en charge pendant son emprisonnement.

Mais, son faible niveau de qualification, son expérience professionnelle réduite, le vécu d’exclusion et la saturation du marché du travail, laissent peu de chance devant l’obtention d’un emploi dès la sortie de prison. Les pistes possibles sont l’orientation vers des stages de détermination des performations ou des formations.

Il y a urgence d’une cellule d’accueil d’orientation et de conseil dans les communes, au sein des associations de quartiers et dans les communes, adoptant une démarche socio-pédagogique qui consiste à amener les ex-détenus à entrevoir des alternatives non classiques, d’avantage motivantes, dans la mesure où les formation se font dans l’action, au sein des entreprises, rémunérés, ou dans des activités génératrices de revenues individuelles. Ainsi, le bénéficiaire baigne dans la communauté sans faire attention au regard de l’autre. Il est jugé avec des critères d’apprentissage et de savoir au quotidien et non d’après ses antécédents.


               Par Mme Fatna El Bouih.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire